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ãÔÇåÏÉ ÇáäÓÎÉ ßÇãáÉ : Métamorphose permanente Afrah Al-Kubaisi - Traduction de Jalel El Gharbi



ÇÝÑÇÍ ÇáßÈíÓí
31/07/2007, 12:42 PM
Métamorphose permanente
Afrah Al-Kubaisi
Traduction de Jalel El Gharbi.
Les morts mangent-ils ; boivent-ils ?
Respirent-ils leurs peines ; se souviennent-ils de leurs rêves ?
Rêvent-ils de justice ? Et sur quelle terre se trouvent-ils ?
Oublient-ils la colère qui a duré des années ?
Aiment-ils ?
***
Mort,
Je vis au fond de mes songes et on m’interdit de rêver
Je n’ai aucun droit ; tous mes droits sont bafoués
Et toutes mes aspirations confisquées
Mes blessures sont truffées de sel
Et mes sens engourdis
Mort,
Je pleure comme tous les humains mais mon fort intérieur a été assassiné
Amarré à ce corps et en résidence surveillé
Mes volatiles tombent les uns après les autres
Mes roses n’ont ni couleur ni parfum
Mes papillons sont tristes
Ma plume torturée
Et mes sentiments sont dans un camp.
***
Mort,
La lumière n’est plus lumière ;
L’ombre n’est plus ombre ;
L’amour n’est plus amour ;
L’espoir n’est plus espoir.
***
Mort,
Mes larmes ont éteint ma bougie
Ma solitude a démoli mon enfance
Qui suis-je ?
Comment puis-je rester mort toute une vie ?
Que veux-je ?
Comment puis-je rester enterré avec toutes mes aspirations ?
Où aller
Alors que tous les chemins sont minés ?
Où fuir
Alors que la prison est partout ?
La prison est partout.
***
Voici mes voies enfoncées
Voici mes jours embourbés
Voici ma vie se consumant sous mon regard
Ma tête demeure à jamais inclinée
Et ma main blessée
Comment être ? Et quand ?
Je n’ai même plus envie d’être
Mort,
Mon exécution se prolonge à l’infini.
Epaves des embarcations du bonheur
Pourquoi le bonheur échoue-t-il contre le douloureux rocher du réel ?
Pourquoi nos embarcations font-elles naufrage dans la mer houleuse des rêves ?
Pourquoi marcher pour être glacé à la fin ?
Pourquoi escalader la montagne pour tomber de sa cime ?
Pourquoi planer en souriant
Alors que nous savons que le prix en sera une douleur atroce ?
Pourquoi accueillir le désir avec des bouquets de nos vies
Alors qu’il vient nous assassiner ?
Pourquoi nos yeux s’illuminent-ils
A l’éclair adoré qui ne sera suivi que de tonnerre
Et de promesses qui ornent les murs du cœur en attendant d’être tenues ?
Pourquoi sourit-on de ses peines à la cime du tourment ?