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ãÔÇåÏÉ ÇáäÓÎÉ ßÇãáÉ : Zola, critique d'art



ÑÇäíÇ ÇáÒÈíÑí
25/02/2009, 10:20 PM
http://www.dreyfus.culture.fr/upload/m_file/256_1161_image_ap_zola_na237-01376-2.jpg


Qui encore oserait prétendre ignorer Emile Zola ! Le grand
romancier naturaliste, auteur des Rougon-Macquart et de Thérèse Raquin !? Pourtant, peu sont ceux qui connaissent Emile Zola, le critique d’art ! « Le plus lucide des critiques de son temps » dit-on. Car il fut celui qui, contre tous, prophétisa la gloire de Manet et des impressionnistes et l’irrémédiable déclin des toiles « cuisinées selon les recettes de l’Ecole ».
Toutefois, les deux activités, littéraire et esthétique sont inséparables chez Zola. En d’autres termes, Zola l’écrivain et Zola le critique d’art sont indissociables ! Zola l’affirmait lui-même :
« Dans tous mes livres, j’ai été en contact et échange avec les peintres. Les peintres m’ont aidé à peindre d’une manière neuve, «littérairement ». »
Il va donc sans dire, que l’on ne pourrait comprendre Zola sans avoir à l’esprit ces toiles qui hantaient son écriture. C’est ce que j’appellerai : « le musée imaginaire d’Emile Zola ».

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Zola et les impressionnistes


Lorsque l’occasion lui est donnée en 1866 de faire le compte rendu du Salon annuel de peinture, Zola laisse éclater son éloquence pour fustiger l’art officiel et faire l’éloge des jeunes artistes peintres qui sont aussi ses amis.
• L’académisme est sa première cible. Il se révoltera contre le « Beau idéal » qui n’est, selon lui, que le reflet du talent officiel, lisse et « pommadé », couronné de médailles et pétri de sentimentalisme figé. Alors que les toiles de la nouvelle école (les impressionnistes) débordent de vie et de vérité. Car une œuvre ne devrait être « qu’une traduction de la réalité, particulière à un tempérament, belle d’un intérêt humain », et « chaque grand artiste est venu donner une traduction nouvelle et personnelle de la nature » (« Mon Salon », 1866).
C’est Manet dont les tableaux suscitent de violents sarcasmes, que Zola applaudira avec le plus de ferveur (voir articles à l’Annexe).
Mais il s’enthousiasme aussi pour les futurs impressionnistes, qui, grâce à Cézanne, sont devenus ses amis. Pour les défendre, il usera dans ses textes de critique aussi bien de l’emphase que de la véhémence. Pour ce faire connaitre il faut bien provoquer la polémique et même le scandale.
En effet, à vingt-six ans, Zola, encore inconnu, ayant vécu dans la misère, ne tient plus à rester dans l’ombre.
Il écrit en 1865 à son ami Valabrègue, que sa défense des jeunes peintres et de Manet en particulier sert plusieurs objectifs :
« J’ai un double but, celui de me faire connaitre et d’augmenter mes ventes. »
Le succès à scandale éclate et Zola est renvoyé du journal L’Evénement, il publiera donc ses articles sous le titre « Mon Salon ». Et se fera un nom dans la critique d’art, publiant régulièrement des comptes rendus et des articles

Toutefois, en 1879, alors qu’il défendait jusque là les impressionnistes, Zola donne une critique surprenante. Il explique la longue lutte de Manet pour s’imposer, et en profite pour critiquer les impressionnistes :
« …par la difficulté qu'il rencontre dans l'exécution, sa main n'égale pas son œil. Il n'a pas su se constituer sa technique...Lorsqu'il réussit un tableau, celui-ci est hors ligne... mais il lui arrive de s'égarer et alors ses toiles sont imparfaites et inégales...

"D'ailleurs tous les impressionnistes pèchent par insuffisance technique...Un instant, ils avaient mis de grandes espérances en Monet, mais celui-ci parait épuisé par une production hâtive, il se contente d'à-peu-près, il n'étudie pas la nature avec la passion des grands créateurs. Tous ces artistes sont trop facilement satisfaits...C'est pourquoi on peut craindre qu'ils ne fassent qu'indiquer le chemin au grand artiste de l'avenir que le monde attend..."
Mais encore, la description que donne Zola dans son roman l’Œuvre est tout sauf tendre. Publié après la mort de Manet, Zola décrit un peintre du nom de Claude Lantier qui est une synthèse de Manet et de Cézanne : ce peintre est un génie raté incapable d’achever un tableau, mauvais époux, mauvais père, mauvais amant…
Ainsi fait, ses amis impressionnistes s’éloignèrent de lui et Cézanne, très susceptible, mettra un terme à leur vieille amitié, pensant qu’il s’agissait bien de lui.
En 1889, Zola refusera de participer à la souscription pour l'achat de l'Olympia.
La même année, Huysmans racontera perfidement à Goncourt que "dans cette maison (de Zola) qui ne possède pas un objet d'art, le portrait de Zola par Manet on l'a relégué dans l'antichambre".
On pourrait bien croire que Zola renia les impressionnistes pour d’autres artistes plus académiques. Seulement, Zola défendait le réalisme et en voulait aux impressionnistes de continuer à peindre des tableaux de paysages même durant la guerre de 1870. Il n’y a donc aucune incohérence dans son attitude, hormis une nouvelle exigence de niveau technique.

- L’Œuvre

L’Œuvre est un roman qui fait partie du cycle des Rougon-Macquart. Il a été publié en 1886 et se situe entre Germinal (1885) et la Terre (1887). Le roman raconte et décrit le monde des artistes à Paris. Et plus particulièrement la vie de Claude Lantier, peintre raté qui fini par se suicider et rate même son enterrement puisque personne n’y assiste.
Dans l’autobiographie fictive de Cézanne écrite par Earl Mayan Pour moi, Cézanne, Paul Cézanne voit dans l’Œuvre de Zola une offense personnelle contre lui et déclare ceci : « Le public ignore qui est Claude Lantier, mais mes amis du groupe radical et mes ennemis à l’Académie reconnaitront très vite que l’Œuvre est un reflet de ma vie…Quelque fois, durant ma lecture de l’Œuvre, j’ai pu entendre ma voix dans les mots que Zola a tracé, ils étaient trop vrais pour être pris pour faux. « Claude Lantier », écrit Zola, « était étranger à son propre génie ; il était incompétent, incapable d’ajuster ses forces ; une âme perdue dont l’éventuelle folie et le suicide étaient inévitables ! ». Cela me fait une peine terrible que Zola ne puisse me voir que comme un raté, un excentrique, un bouffon ! J’ai ouvertement pleuré quand j’ai lu les passages condamnant le mouvement radical. En nous humiliant publiquement, il piétina cette vie et ce combat que nous avons mis dans notre art ! »
Quant à Renoir, selon lui, Zola a usé de son talent pour tirer profit de la destruction des réputations des autres, en l’occurrence les impressionnistes.
Monet, quant à lui, il considéra la brutalité de l’Œuvre comme impardonnable.
Toutefois, Zola ne s’est pas épargné lui-même, on pourrait aisément le reconnaitre dans le personnage de Jory, l’arriviste qui devint critique d’art pour ne pas mourir de faim.
Ainsi après avoir inexorablement défendu l’impressionnisme, Zola le présenta comme le produit d’une idée inachevée et l’ombre d’une théorie.

ÚÇáã ÇÈÑÇåíã
02/03/2009, 05:20 PM
je vous remercie beaucoup pour ces utiles et signifies sujets

Çã ÇáÝÖá ÈäÊ ÇáÔíÎ
02/03/2009, 08:20 PM
les vraies causes des critiques de Zola à l'encontre des impressionnistes
Pour Michel Tournier,Zola en ratant, son rêve de peintre idéal a pu prendre sa revanche sur cette peinture impressionniste non réaliste par la photographie. car il lui est plus facile de tenir un appareil photo qu’un pinceau tout en restant plus réaliste.. Tournier note aussi que même ces clichés sont imprégnés d’impressionnisme et tout ce que Zola demande ou reproche aux peintres se retrouve dans son art photographique.. et c’est ainsi qu’il conseilla aux jeunes artistes :
Ce n’est pas après avoir vécu pendant plusieurs années avec les morts qu’on peut peindre les vivants. Il faut que nos jeunes artistes sucent dès l’enfance le sein âpre de la réalité. Alors seulement, ils verront la vie et sauront en interpréter les grandeurs vraies.

ÑÇäíÇ ÇáÒÈíÑí
09/03/2009, 11:41 PM
On pourrait bien croire que Zola renia les impressionnistes pour d’autres artistes plus académiques. Seulement, Zola défendait le réalisme et en voulait aux impressionnistes de continuer à peindre des tableaux de paysages même durant la guerre de 1870. Il n’y a donc aucune incohérence dans son attitude, hormis une nouvelle exigence de niveau technique

Comme je l'avais bien fait remarquer dans mon étude, il n'y eut rien de paradoxal dans la réaction de Zola envers les impressionnistes, sinon sa foi première dans un réalisme engagé et conscient! Michel Tournier eut-il juré que Zola ayant raté son rêve de peintre idéal eut sa revanche sur la peinture impressionniste par la photographie, je dirai que non. Devient-on critique littéraire parce qu'on a raté une carrière d'écrivain?!Là est la question! Zola est, on ne saurait le nier, un grand critique de l'art! S’il fut au tout début le seul à défendre l'école impressionniste c'est qu'avant toute chose, ses principes et ses idées nouvelles qu’elle, véhiculait, correspondaient à son idéal esthétique! Il fut, toutefois, un moment où, selon Zola les impressionnistes s'éloignèrent de cet idéal esthétique qui n'était autre qu'une soif insatiable de réalité, car après tout qu'est-ce que l'impressionnisme sinon capter l'impression fugace dans toute sa splendeur éphémère! Le réalisme plus que réaliste dirai-je! Mais pourrait-on les blâmer de ne voir de réel que le naturel! Devrait-on les blâmer d'avoir éludé dans leurs œuvres l'étude de l'effroyable réalité de la guerre qui n'a rien d'artistique! Et comme le disait si bien Hegel :"dans sa plus haute perfection, l'art n'a d'autre fin que lui même!" l'art pour l'art n'est en rien un appel à la futilité ou à l'oisiveté de l'art, c'est un appel contre toute fin moralisante de l'art, pour pleurer la guerre ou crier gare contre ses atrocités, d'autres formes existent, l'essai entre autre! C’est un tout autre sujet qui mérite notre réflexion! Et qui reste, avouons-le trop subjectif! Qu’est ce qui ne l'est pas?!:emo_m11::