ÇáãÓÇÚÏ ÇáÔÎÕí ÇáÑÞãí

ãÔÇåÏÉ ÇáäÓÎÉ ßÇãáÉ : ÞØÇÑ ÇáÓÇÏÓÉ ãÓÇÁ../ÇáÊÑÌãÉ ÇáÝÑäÓíÉ...



ÚÈÏ ÇáÚÒíÒ ÛæÑÏæ
01/03/2009, 02:05 AM
Le train de dix-huit heures
Trad. Par : N. MISSOURI & Y. GHOURDOU

Je me fis réveiller par la sonnette de la porte, qui tintait légèrement et timidement. J’ouvris mes yeux à demi…mais je ne me levai pas immédiatement, ou plutôt je ne pouvais pas me lever immédiatement…ma tête était lourde comme les pierres des moulins ; j’arrivais à peine à la bouger et mon cerveau allait presque exploser comme si les procès de Nuremberg s’y déroulaient.
J’imaginai, un court instant, que la sonnette n’avait tinté que dans mes rêves, dans l’un des plis de mon cerveau somnolent. Mais aussitôt, je l’entendis sonner de nouveau…un tintement léger et timide encore…
Le climat est caniculaire et moi je coule de transpiration. Je regardai l’horloge murale en face du lit, je constatai que ses aiguilles indiquaient seize heures et quart ! Je la scrutai, horrifié et je bondis…mais rapidement je m’effondrai sur le lit, les audiences nazies ont toujours lieu dans mon cerveau et on n’y a toujours pas prononcé de jugement…
Je pris ma montre sur la table de chevet, pour m’assurer de l’heure, et pour que ma stupéfaction se confirmât avec : effectivement, il était seize heures et quart!
Cela fait longtemps que je suis dans cet état, voire même, je n’ai aucun souvenir d’avoir vécu autrement. Je ne sais ni quand la nuit tombe, ni quand le jour se lève et forcément je ne sais pas quand ils s’achèvent …je crois que je suis né avec les audiences nazies en tête ?
Dès que l’été arrive, j’ai l’habitude de dormir à moitié nu et sans prendre la peine de me vêtir plus : si ce n’est d’une paire de mules d’intérieur légères à côté du lit, Je me dirigeai vers la porte et l’ouvris. Je fis quelques pas dans le jardin de la maison vers le portail et je l’ouvris aussi. Je trouvai une femme dans la trentaine, avec de longues jambes dans une jupe rouge…elle fut surprise par ma présentation à moitié nue, mais elle continuait à me regarder avec pudeur non dépourvue de provocation. Elle me demanda si je recherchais une domestique…je regardai de nouveau les jambes et la jupe :
- pas du tout, je ne veux pas de femmes pour le travail, ni…ni pour autre chose!
Effectivement je n’ai plus aucun désir pour autre chose. J’ai l’impression qu’au fil de mes jours courts, très courts, j’ai eu ma part de ma vie. De tout ce qui peut traverser l’esprit du diable qui m’habite. Je n’entendais plus rien, je n’entendais plus que sa voix qui résonnait en moi :
- Que le monde brûle et que moi je vive…

Juste la veille, je ne m’étais couché que tardivement après une frénétique nuit torride, pendant laquelle j’avais vidé le monde entier en moi, de tous ses aspects charnel stimulant toute forme libidinale…et me voilà, maintenant, réveillé détestant tout, j’ai le sentiment d’avoir vécu mille ans ou plus à l’âge de la jeunesse puis, j’ai vieilli d’un coup : en une seule nuit, j’ai dormi en pleine jeunesse, à l’âge des fleurs du printemps, et je me suis réveillé tel des feuilles sèches vannées par le vent de l’automne. Je me suis réveillé en ressentant un goût de cendre pour tout, comme un poète qui adora mille tours de taille appartenant à mille femmes, pour finalement mourir seul…à l’intérieur des tristes tribunaux de Nuremberg…
-Non, je ne veux pas de femme pour le travail, ni pour autre chose!
Je la regardai en train de s’éloigner lentement, avec, au fond de moi, quelque chose que je ne pouvais pas déterminer avec précision. Ce n’était pas du désir, non, ce n’était certainement pas du désir. C’était un mélange de dégoût, de goût de la cendre et un peu de nausée: je sentis mon coeur remonter jusqu’à ma gorge. Je claquai la porte avec violence et courus vers l’intérieur…
Je me dirigeai vers la salle de bain et je vomis. Je vomis la nuit frénétique de la veille, je vomis mes entrailles pressées et je vomis les deux jambes et la jupe…je regardai le miroir avec des yeux exorbités. Je me rappelai que je ne m’étais pas encore lavé le visage, ni rasé la barbe et mes cheveux étaient encore ébouriffés tel un millier de points d’exclamation !!!
Dans le miroir, je ne distinguai pas le visage qui m’apparaissait tous les jours, que je portais tous les jours et que je devais - et les autres aussi- supporter tous les jours, mais un autre visage qui m’était étranger… je regardai de nouveau le miroir et je l’examinai: ce n’était pas mon visage, absolument, absolument pas mon visage, ce n’était pas mon nez, ce n’est pas mon menton, ce n’étaient pas mes yeux… je regardai derrière moi , mais je ne trouvai personne d’autre que moi dans la salle de bain. Je me mis à tourner autour de moi comme un fou, recherchant si mes traits s’étaient dispersés par terre…
Je cherchai dans tous les coins de la maison. Je ne voulus pas regarder le miroir de nouveau. J’avais peur de regarder le miroir de nouveau. J’avais peur de ce visage qui n’était pas le mien, pas le mien…j’ai très envie de le jeter par terre et l’écraser avec mes pieds jusqu'à ce que ses yeux éclatent de sang ; ses narines de sang et les commissures de ses lèvres de sang…une envie qui n’est absolument pas mauvaise… mais le pire c’était que je devais lui raser la barbe de nouveau, comme tous les jours ?
Mais moi, je ne vais pas raser cette barbe qui n’est pas la mienne. Je ne vais pas laver ce visage qui me colle. Je ne vais pas préparer mon petit déjeuner…
-Mon petit déjeuner ?
- De quel petit déjeuner je parle ? C’est peut être un déjeuner tardif ou l’entrée d’un dîner avancé, mais qu’il soit un petit déjeuner, c’est impossible ! Quoi qu’il en soit, je ne vais pas le préparer et c’est bon…
Je veux faire autre chose, quelque chose de nouveau que je n’ai pas fait avant, qui n’a pas effleurée l’esprit de l’humain qui m’habite et qui me tente tous les jours pour manger du choux fleurs au lieu des haricots… porter la chemise en soie ou la cravate bordeaux et le manteau cachemire bleu marine…
Je me retournai au lit et je m’allongeai. Je regardai le mur, mais mon regard se brisa sur les aiguilles qui fauchaient les minutes et les heures, laissant derrière elles les débris du temps. Je pris ma montre et je commençai à la dévorer des yeux. Ses petites aiguilles aussi n’arrêtent pas de tourner. Ces petites aiguilles sont des faucilles qui n’arrêtent pas de moissonner. Je ne me rappelle pas qu’elles se soient arrêtées un jour et c’est ce qui m’agace le plus en elles! Je la serrai fort contre mon poignet et je ressentis ces abominables faucilles déchirant mes veines. Mon sang exsude tache le lit, le sol de la chambre et tout ce que je touche. Mes mains s’étaient couvertes de sang. Je les passai sur ce visage qui n’est pas le mien et je recommençai à chercher, dans tous les coins de la maison, puissé-je trouver les traits de mon visage qui avaient brusquement disparu. Partout où je passai je laissais des taches rouges derrière moi.
Je cherchai sous la table, sous le lit, je trifouillai la vaisselle de la cuisine, je fouillai l’armoire et je cherchai derrière les rideaux et sur le sol de la salle de bain si jamais mes traits s’y étaient dispersés. Je ne trouvai que les taches de sang qui s’étaient coagulées d’une manière dégoûtante !
Encore une fois, je regardai le miroir. M’apparut encore une fois cet affreux visage recouvert de sang: ce n’est pas mon visage…absolument, absolument pas mon visage, ce n’est pas mon nez, ce n’est pas mon menton, ce ne sont pas mes yeux : où mes maudits traits ont-ils disparu ? Où, où ? Et inconscient, je serrai le poing et je l’explosai sur la surface du miroir. Ses lambeaux s’envolèrent dans tous les sens et je recommençai à tourner autour de moi comme un fou. Je passai mes mains ensanglantées sur les éclats de verre et je sortis…
Je commençai à chercher dans le jardin qui pour la première fois ne me semblait pas être un jardin, mais un coin d’enfer. Comme si je le découvrais de nouveau, comme si je le voyais pour la première fois de ma vie. Ses fleurs avaient subitement disparu et avaient été remplacés par les ronces, les cactus, et bien d’autres plantes étranges, des êtres effrayants : des plantes avec des canines et de longues griffes dont les spathes sont en zaqqoum … je fus saisi d’angoisse et je courus vers l’extérieur de la maison… Je courus jusqu’à ce que je fusse arrivé à la gare. Je suis à bout de souffle. Mes genoux ne peuvent plus me porter. Les murs de la gare vacillent autour de moi, le sol se retirait sous mes pieds, et derrière l’halètement qui me poursuit, je m’effondrai sur un siège dans la salle d’attente, ensuite je regardai ma montre : ses faucilles n’arrêtent pas de moissonner et il ne semble pas qu’elles comptent s’arrêter ? Encore dix minutes pour l’heure du premier train. Je ramassai un vieux journal jeté par terre et je me mis à le feuilleter, la tête ailleurs, sans distinguer les mots…le train n’était pas en retard, pas la moindre minute. Et voilà, en ce moment, sa locomotive qui envahit la gare lentement comme un génie contraignant, avant de s’arrêter sous le grincement de l’acier, et des freins et du vacarme … Les passagers se précipitèrent pour descendre ou monter, mais moi, je ne bougeai pas, je restai recroquevillé dans ma place, feuilletant mon journal, la tête ailleurs. Je ne sais pas d’où vient le train, ni vers quelle destination il se dirige. Les gens sont l’un des deux: un passager s’embarquant pour lequel le voyage commence juste à l’instant et un autre débarquant, achevant son périple là où il voulait ?
Moi, je feuillette mon journal, la tête ailleurs… sur le journal est écrit que le bon voyageur est celui qui ne sait pas où il va, tandis que le voyageur idéal, est celui qui ne sait pas d’où il vient…
A ce moment-là, le train redémarre. Sa locomotive bougea lentement de la même manière dont elle arriva à la gare la première fois, comme un génie contraignant, derrière-elle suivirent les wagons où était entassée de la chair humaine pourrie…
Je me mis debout comme si l’humain qui m’habitait avait pensé brusquement à quelque chose auquel il n’avait jamais pensé ? Je pliai le journal et je le mis sur la chaise. Je frottai le sang coagulé entre mes mains et je me dirigeai vers le train. Il ne reste qu’une très petite distance entre nous. Même, son attraction est sur le point de me déraciner…
Le contrôleur siffle en me faisant signe de m’éloigner. Je ne prêtai pas attention à son sifflement et me mis à regarder les roues qui tournaient en accélérant. Ma tête tournait avec…les faucilles de ma montre tournaient aussi et refusaient de s’arrêter ! Tout se mélangea dans ma tête : les faucilles de la montre, les roues du train, les rails du chemin de fer, le sifflement du contrôleur…et moi je voulais tout arrêter : arrêter ces maudits rails, arrêter ce train fou, arrêter ce temps détestable et retrouver les traits tristes de mon visage…
Tout se mélangea alors dans ma tête et moi je voulais les séparer. Il faut que je les sépare. Il faut que ce monde fou s’arrête. Il faut également que je retrouve les traits tristes de mon visage…
Mes genoux ne peuvent plus me porter. Le train branle vers moi et le sol se retire sous mes pieds…je regardai autour de moi, je fixai les rails du chemin de fer qui se mêlèrent derrière la vitesse diabolique du train… et sous les roues de feu, je me vis en train de rassembler les traits de mon visage qui s’étaient éparpillés, écrasés sous le grincement de l’acier, et des freins et du vacarme…

íÍí ÛæÑÏæ
01/03/2009, 03:28 PM
ÔßÑÇ áß ÚÈÏ ÇáÚÒíÒ Úáì ÅËÑÇÁ ÇáãäÊÏì ÇáÝÑäÓí ÈäÕß ÇáÔíÞ :fl:

ÃäÊ ÊÚÑÝ ßã ÇáãÔÇÛá ÇáÊí ÃãÑ ÈåÇ åÐå ÇáÃíÇã ÝÖíÞ ÇáæÞÊ áÇ íÊßÑ áí ÇáãÌÇá ááÏÎæá ááãäÊÏì ...
ÃÚÏß ÈÞÑÇÁÉ ãÊÃäíÉ áßá äÕæÕß ÇáÊí áã ÃÊãßä ãä ÞÑÇÁÊåÇ ÈÚÏ

ÇáäÕ ÈÇááÛÉ ÇáÚÑÈíÉ : "ÞØÇÑ ÇáÓÇÏÓÉ ãÓÇÁ"
http://www.arabswata.org/forums/showthread.php?t=24709