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ãÔÇåÏÉ ÇáäÓÎÉ ßÇãáÉ : Médecine arabo-islamique



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29/01/2007, 03:59 PM
source: La Presse de Tunisie (http://www.lapresse.tn/index.php?opt=15&categ=15&news=42830)

Médecine arabo-islamique

Les grands hommes
Une étude approfondie sur l’évolution de la médecine arabe, des origines à nos jours
On ne pouvait rater une telle rencontre, un tel débat autour de l’histoire de la médecine arabe, tenu une après-midi d’avril 2005 au siège de l’Office national de la famille et de la population (Onfp), dans le cadre de ces «Vendredis» admirables du Cdap (Centre de documentation, des archives et des publications).

Instruments d'Abulcasis, le chirurgien de Cordoue, surnommé Az-Zahrawi, le premier à avoir effectué, en 952, une thyroïdectomie pour goitre... Humaniste par excellence.



Le professeur de chirurgie à la faculté de médecine de Tunis, Rafik Boukhris, le professeur Saïd Mestiri, président fondateur de la Société des sciences médicales, par ailleurs membre associé étranger de l’Académie française de médecine et de l’Académie royale belge de médecine, entre autres fonctions honorifiques, et Ridha Limam, spécialiste en médecine interne, nous avaient alors gratifiés d’exposés magistraux, édifiants, sur un héritage glorieux, et réconciliés, au passage, avec cette fierté arabe dont, de temps à autre, ne subsistent que quelques lambeaux véritablement effilochés.
Il revenait donc au professeur Saïd Mestiri d’écrire un ouvrage qui sera «le témoignage d’une pensée et d’une éthique qui renouent avec la grande tradition des médecins philosophes qui ont servi à la fois la science et la sagesse».
Dans Le médecin dans la cité, cet éminent chirurgien s’est penché avec méthode et précision, comme s’il s’agissait d’une minute de vérité, sur l’évolution de la médecine arabo-islamique, des origines à nos jours, recensant les grands noms, slalomant entre les époques, les aspects historiques, médecine en Mésopotamie, égyptienne, iranienne, indienne, grecque avec cette «figure de proue» Hippocrate que les premiers médecins arabes avaient surnommé «Le grand Ancien», disciple de Démocrite, constamment à l’écoute de ses patients, médecin à juste titre de la cité, respectant jusqu’à la dévotion ce Serment prônant les règles éthiques de la profession, usant de cette langue grecque qui «possède le plus ingénieux système de radicaux, de préfixes et de suffixes qui sont devenus les instruments avec lesquels s’est constitué le langage médical actuel et qui a fourni les fondements de la lexicologie de la science et de la philosophie».
Saïd Mestiri parle également de l’émergence et de l’expansion de la médecine arabe, de l’ère des traductions et des transferts des connaissances anatomiques qu’il décortique, scalpe en bon praticien qu’il sera toujours, revient pour rendre justice sur les traductions latines des œuvres arabes et de leur transfert vers l’Occident chrétien, sur les contributions originales des médecins arabes et, comme en toute chose, il y a forcément déclin, il va évoquer la lente et somme toute logique dégradation des «affaires de la médecine» : «La majorité des historiens fixent en général au milieu du XVe siècle l’apparition des signes du déclin de la médecine dans les pays arabes et en soulignent la grande labilité et le polymorphisme. Mais l’ensemble des commentaires et l’analyse des indices de la léthargie ou avant-coureurs du déclin conduisent, à la vérité, à la prévalence d’un phénomène central. Ce phénomène est représenté dans tous les cas de figure par le déficit grandissant, parfois la faillite, de l’enseignement et de la formation médicale dans leurs différentes étapes…».

«Fleur de notre civilisation»

Ce n’est pas fini. L’auteur reviendra sur les rénovateurs, les questions urgentes et dérangeantes et, ô émotion véritable, voilà son cœur qui va battre et s’emballer pour le Dr Hachemi Ayari, «médecin dans la cité». Appréciez cette citation de l’écrivain britanniqueRobert-Louis Stevenson : «Il y a des hommes et des classes d’hommes qui se tiennent au-dessus du commun, le soldat, le marin et le pasteur souvent, l’artiste rarement, plus rarement encore le prêtre; pour le médecin, c’est presque la règle, il est la fleur de notre civilisation».
Des femmes médecins dans la médecine arabo-islamique ? Bien évidemment. A commencer par Baraka Bent Thaâlab Oum Aymen, «esclave puis gouvernante du Prophète Mohamed» ayant pris part aux batailles de Hunain, Ohod et Khaybar, Oum Ziad Al Achja’ya, Zeïneb de Bani Aoud, «médecin connu et une ‘‘kahala’’ (ophtalmologiste) très célèbre dont la notoriété a dépassé les frontières de l’Arabie, célébrée par plusieurs poètes, citée longuement dans la célèbre chronique ‘‘Al Aghani’’ de Abou El Faraj al Isfahani». Il y a aussi Homnat Ben Jahich, Arrouba’ia bent Mou’awadh al Ansaria, Souada bent Mesrah, Roufaïda Al Islamia, Oum Sinan Al Aslamia, Moadha al Ghafaria. D’autres femmes médecins d’exception suivront avec l’expansion de la médecine arabe et l’avènement des premiers califes abbassides : «Les futures femmes médecins sont maintenant censées suivre un cursus au même titre que leurs homologues masculins». Et puis dès la fin du XIXe siècle, des femmes originaires de différentes régions du monde arabo-islamique «ont bravé les multiples interdits et surmonté les obstacles les plus divers pour aller étudier la médecine dans les universités occidentales et y acquérir leurs diplômes», telles Anissa Saibaa, née à Tripoli (Liban), Soufia Seïf Ali, première femme médecin turque, Tawhida Ben Cheikh, première femme médecin tunisienne, Salma Al Qasatli, née à Damas…

De l’importance des traducteurs…

Ambition et difficultés d’un projet qui suppose des connaissances dépassant de très loin le bagage intellectuel et scientifique d’un chercheur, d’un explorateur, même de bonne race. En préambule : «“Le médecin dans la cité”. Ceux qui, parmi les sages des cités grecques, avaient dès le Ve siècle av. J.-C. consacré cette heureuse formule, savaient toute la symbolique de sagesse et de compétence qu’elle devait signifier auprès de ceux à qui elle était destinée. En ce temps-là, le médecin, étant supposé posséder pratiquement toutes les connaissances disponibles à son époque, devait faire montre d’autant d’habileté dans ses contacts avec les dieux, les prêtres ou les puissants, que de bonté et d’écoute dans ses rapports avec ses patients et son prochain. A ce seul prix, il pouvait prétendre être considéré comme “le meilleur de la cité” et il le fut souvent, conférant à cet antique adage une nouvelle confirmation».
Un ouvrage didactique? A peine. Pas du tout. Il se lit comme un roman. Le Pr Saïd Mestiri a simplement habillé d’une écriture fine et précieuse les réflexions qu’il avait envie et besoin de développer : sur la médecine au premier âge de l’Islam, qui est «la continuation des pratiques médicales de la période antéislamique et païenne, en usage parmi les tribus et dans les rares centres urbanisés de la péninsule arabique», sur les maladies dominantes dans la presqu’île d’Arabie, sur les connaissances anatomiques et médicales des Arabes préislamiques, sur l’avènement de l’Islam qui «allait apporter des améliorations significatives, hygiène, propreté corporelle, nutrition…», sur ces traductions de livres grecs ou persans grâce à ces érudits qualifiés de «précurseurs» dont les travaux se sont effectués peu de temps avant ceux de Yuhanna et de Hunayn Ibn Ishaq et qui ont marqué «cette étape prémonitoire» : Job d’Edesse, urologue, Yahia Ibn Luqqa Al Ba’labakki, «traducteur du célèbre livre de Dioscoride Materia medica, Istafan Ibn Basil, Thabet Ibn Qurra, mais surtout le disciple le plus proche de Yuhanna Ibn Massawayh, un chrétien nestorien originaire d’Al Hira, Hunayn Ibn Al Ibadi…
Des personnages, des personnalités illustres paraissent s’être penchés sur cet ouvrage essentiel. Pour la sonorité et pour le plaisir, pour cette fierté que l’on roule au bout des doigts : Ali Ibn Sahl Rabbân al Tabari, Abu Bakr Mohamed Ibn Zakariya Ar-Râzi (Rhazes), Abu Nasr Mohammad Ibn Muhammad Ibn Tarkhan Ibn Uzalagh Al Farabi (Alfaraius), Ali Ibn Abbas Al Majoussi, connu en Occident sous le nom de «Haly Abbes», précision de l’auteur, Abu al Ala Husayn Ibn Sina, latinisé sous le nom d’Avicenne, Abulcasis, Abu Al Qacim Khalaf Ibn Abbas Az-Zahrawi, Abu Marwan Abd Al Malik Ibn Zohr (Avenzoar), Abu Al Walid Mohamed Ibn Ahmed Ibn Rochd (Averroès), Abu Jaâfar Ahmed Ibn Al Jazzar dont «la notoriété a été grandement servie par son principal traducteur, Constantin dit l’Africain».
Des noms égrenés pour cet increvable appétit d’apprendre et cette soif de savoir et de connaissance… S’ils n’avaient pas existé, Saïd Mestiri les aurait inventés. A la plume et au bistouri, même combat. Gagner ici, c’est gagner là, c’est gagner partout.

Mounira A.

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Le médecin dans la cité — Origines et évolution de la médecine arabo-islamique, de Saïd Mestiri, Sud Editions - Tunis 2006, 240 pages.

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29/01/2007, 07:01 PM
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