Le tombeau / une nouvelle de : Darghouthi / Traduite en Français par : F. HIZEM
Le Tombeau
Une nouvelle de :
Brahim Darghouthi/ Tunisie
traduite en Français par
Fathia Hizem
En m’approchant de cet amas de terre, je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’un tombeau, grâce aux pierres posées des côtés est et ouest. C’était un tombeau pas comme les autres. Il n’était pas dans un cimetière, ni même dans un endroit qui risquait de le devenir car il était loin de la ville.
Il était dressé bien haut sur le sommet d’une montagne.
Ce tombeau m’a fortement intrigué, et je me suis placé, du côté de la tête du défunt, essayant de mieux comprendre. Seulement, ma stupeur s’est progressivement transformée en frayeur. En effet, mon regard qui perçait les couches du sol atteignit brusquement le corps de l’homme étendu ; c’était comme si je le voyais à travers la vitre d’une fenêtre.
J’ai vu le squelette qui se revêtait de chair et de gras… j’ai vu le sang couler dans les veines, j’ai vu de mes propres yeux les cheveux et les poils de sa barbe repousser un à un. Ensuite, ses yeux se mirent à clignoter, ses lèvres, à bouger. Puis, il a commencé à bailler comme quelqu’un qui se réveillait d’un profond sommeil. Mon cœur battait à se rompre, mes genoux tremblaient, et je voyais la terre s’ouvrir pour laisser sortir un homme en tenue militaire, chaussé de brodequins, tenant un fusil à la main, l’un de ceux qui avaient servi pendant la deuxième guerre mondiale. Il s’assit sur le rebord du tombeau ouvert et m’appela. Je m’avançai vers lui hésitant, faisant un pas en avant et un autre en arrière. Quand je fus à un mètre de lui, il me demanda doucement : « Qui es-tu ? »
Je répondis que j’étais un passionné de promenades dans les montagnes comme dans les vallées. Puis je lui retournai sa question. Je n’eus pour toute réponse qu’un silence qui se prolongea jusqu’à ce qu’il me dît : « La ville est-elle loin d’ici ?
-- Seulement à une demi-heure de marche. Mais vous ne m’avez pas dit qui vous êtes.
-- Je suis l’un de ceux qui ont échappé à la mort quand les soldats français avaient encerclé la montagne et avaient tué mes camarades.
--Mais vous étiez dans cette tombe.
-- Mes amis sont morts dévorés par les loups et les hyènes. Quant à moi, comme tu vois, je suis encore vivant. Puis, posant le fusil sur son épaule, il descendit vers la plaine. Je lui demandai où il allait et il répondit :
-- Mais en ville pardieu, n’avez-vous pas dit qu’une demi-heure suffisait pour y arriver.
Quand il eut disparu de mon champ de vision, je me retournai vers le tombeau qui était toujours surmonté de deux pierres d’un côté comme de l’autre, tel que je l’ai vu la première fois.
J’esquissais un sourire dans mon fort intérieur et continuais ma route.
القبر
عندما اقتربت من ذاك الكدس ، كدس التراب ، كدس التراب الذي فوقه حجر منتصب من جهة الشرق وحجر من جهة الغرب ، عرفت أنني أقف عند قبر . قبر لا كالقبور . ما كان في جبانة ، ولا قريبا منها . وما كان له أن يصبح نواة لواحدة في المستقبل ، لأنه بعيد عن العمران ، ولأنه كان منتصبا شاهقا فوق قمة جبل .
احترت في أمر ذاك القبر ، ووقفت عند رأس الميت أفكر فيه . لكن حيرتي بدأت تتحول شيئا فشيئا إلى فزع شديد إذ رأيتني أخترق بعيني التراب إلى أن وصلت جسم الرجل ، وصرت أنظر إليه كما لو كنت أنظر إلى شخص من خلال زجاج نافذة ... رأيت الهيكل العظمي يكتسي لحما وشحما ...ورأيت الدم يسيل في الشرايين . وشاهدت بعيني شعر الرأس والذقن ينبت شعرة شعرة . ثم شاهدت الجفون ترمش ، والشفتان تتحركان ... بعدها بقليل تثاءب الرجل ، وأفاق كما يفيق الراقد من نومه ...
كان قلبي يدق بعنف . وكانت ركبتاي يصطكان وأنا أشاهد الأرض تنشق ويخرج منها رجل يرتدي بزة عسكرية ، وينتعل حذاء ثقيلا ، ويمسك في يده بارودة من مخلفات الحرب العالمية الثانية . جلس على حافة القبر المشقوق ، وناداني ... أقبلت نحوه أقدم رجلا و أؤخر الثانية... إلى أن صرت على بعد متر منه فسألني بكل لطف :
- من تكون أيها الرجل ؟
فرددت عليه :
- أنا رجل مغرم بالتنزه في الوديان ، وبصعود الجبال .
ثم رددت عليه سؤاله :
- وأنت ، من تكون يا أخي ؟
فلم يجيبني .
وظل ساكتا ، فسكت بدوري إلى أن بادرني :
- هل المدينة بعيدة من هنا ؟
قلت :
- مسيرة نصف ساعة للراجل .
ثم أضفت :
- لكنك لم تقل لي من أنت أيها الرجل ؟
رد :
- أنا واحد من الذين نجوا من الموت لما حاصر جنود فرنسا هذا الجبل ، وقتلوا رفاقي .
قلت :
- ولكنك كنت في هذا القبر ...
قال :
- نعم ، ولكن رفاقي ماتوا عندما أكلهم الذئاب والضباع ، أما أنا فكما ترى مازلت حيا .
ثم وقف .
وضع بندقيته فوق ظهره ، وبدأ ينحدر نحو السهل ...
قلت :
- إلى أين أنت ذاهب أيها الرجل ؟
قال :
- إلى المدينة . ألم تقل إن نصف ساعة تكفي لبلوغها ؟
عندما غاب عن ناظري ، التفت إلى القبر ، فرأيت حجرا ينتصب فوقه من جهة الغرب ، وحجرا آخر يقابله في جهة الشرق ...
ابتسمت في سري وواصلت المشوار ...
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