CE QUE NE DIT PAS L’HISTOIRE.
Nouvelle de Hocine filali.
Traduit de L’arabe par Rabeh Sbaa.
Personne n’aurait connu l’histoire sans la servante du roi. Elle a divulgué le secret et propagé l’information parmi la population. Et toutes les discussions de la ville, la nuit comme le jour, tournaient autour de l’histoire du roi.
Toute la ville était en pleurs et la tristesse planait lourdement sur le palais. Les femmes déchirèrent leurs habits, les hommes lacéraient profondément leur visage et criaient :
-Nous voulons voir le cadavre de notre roi, avant son enterrement !
-La récompense d’un mort c’est le repos qui l’attend après son enterrement, dira un vieillard, alors hâtons le service funéraire et écourtons les cérémonies !
La foule, dubitative vit un homme de la suite du roi déclarer avec gravité :
-L’enterrement est pour les morts mais votre roi n’est pas mort ! Son esprit continuera à planer sur la ville et son autorité se perpétuera ! C’est ainsi qu’ont parlé les astres et les astrologues !
-Mais qu’a recommandé notre seigneur ?
-Nous lui édifierons un palais de verre et de marbre et disposerons son trône sur l’eau. Enfin nous exposerons son cadavre attaché à un mat fier.
-A-t-il confié le pouvoir à un successeur ?
-Votre seigneur a dit, lorsqu’il agonisait, que vous saviez mieux que quiconque, qui vous conviendrait et il a ajouté que son âme ne quittera pas la terre. Elle est probablement déjà revenue. Elle se réincarnera, sans doute, dans un corps de chien, de singe, d’âne ou alors dans le corps d’un de ses proches.
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Il s’est dit par la suite que le chien, le singe et l’âne sont devenus des animaux sacrés chez cette population. A chaque fête on les pare d’habits luxueux et de bijoux coûteux. Il s’est dit aussi que les parents snobs, nommèrent leurs enfants chien, singe et âne, conformément aux recommandations du roi. Même certains responsables, pourtant intègres, osèrent déclarer en public que durant leur enfance, on les appelait ainsi.
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Mais ce que ne dit pas l’histoire, c’est que le proche du roi était revenu propager l’information selon laquelle un monstre avait anéanti le mat sur lequel se trouvait le cadavre du roi. Il avait ajouté que le monstre l’avait dévoré et que les vers s’étaient chargés du reste.
Personne ne l’a cru. Tout le monde pensa que c’était une ruse de la police royale et de ses bourreaux pour tester la solidité de la fidélité envers le roi. Prise d’une peur effroyable la population se mit à scander à tue-tête:
-Vive notre roi! Notre seigneur n’est pas mort ! Vive notre Roi, notre roi est éternel.